L’augmentation de la taxe sur les nuages à Chicago fera fuir les entreprises
La décision de Chicago d’augmenter sa taxe sur l’informatique Cloud de 9 % à 11 % peut sembler un moyen simple de combler un déficit budgétaire d’un milliard de dollars, mais la réalité est bien plus complexe. Cette mesure vise un secteur d’activité qui n’est pas lié à des sites physiques. Contrairement à la taxation de l’immobilier ou du commerce de détail des produits de luxe, la taxation de l’informatique Cloud va pousser les entreprises à s’installer ailleurs.
L’informatique Cloud n’est pas un produit technologique de niche. Il est au cœur du fonctionnement des entreprises modernes. Qu’il s’agisse de systèmes financiers, de commerce électronique ou d’analyse de données, les services de cloud computing ont une influence sur tout. Faire payer à ces entreprises une prime de 11 % pour qu’elles restent à Chicago les incitera probablement à déplacer leurs activités au Texas, en Floride ou dans d’innombrables autres endroits où les taxes sur l’informatique Cloud n’existent pas. Ce n’est pas un choix difficile pour elles, et c’est exactement le problème auquel Chicago est confronté.
Les preuves s’accumulent déjà. Des entreprises comme Citadel, Boeing, Caterpillar et Tyson Foods ont quitté Chicago ces dernières années, invoquant des conditions commerciales défavorables. Ces départs ont coûté à la ville des emplois, des recettes fiscales et une dynamique économique.
Chris Deutsch, de Lofty Ventures, l’a dit sans ambages : « Ils vont continuer à augmenter ces taxes et cela va nuire aux entreprises et à toute la communauté technologique ici : « Ils vont simplement continuer à augmenter ces taxes, et cela va nuire aux entreprises et à l’ensemble de la communauté technologique ici. » Et cela reflète ce que nous avons vu dans des villes comme Chicago, où taxer l’innovation n’est pas une bonne chose.
La taxe sur les nuages déclenchera un effet d’entraînement économique néfaste
Lorsque les entreprises quittent la région, l’impact ne se limite pas à la perte de leurs contributions fiscales directes. Les emplois technologiques bien rémunérés sont souvent les premiers à disparaître. Lorsque ces emplois disparaissent, les répercussions se font sentir dans tous les domaines, depuis votre café local préféré jusqu’à la capacité de la ville à financer les écoles et les services publics.
En outre, la diminution de la demande de logements entraîne une baisse de la valeur des biens immobiliers. Cela réduit les recettes de l’impôt foncier, qui constituent une source essentielle de financement d’infrastructures telles que les routes et les transports publics. Le résultat est une ville avec moins d’entreprises, moins d’emplois, des valeurs foncières plus faibles et des ressources publiques mises à rude épreuve.
Enfin, Chicago est en concurrence avec d’autres villes qui offrent des services comparables sans imposer de taxe sur l’informatique Cloud. Des villes comme Austin ou Raleigh battent Chicago en termes de convivialité pour les entreprises.
La politique fiscale de Chicago désavantage les entreprises locales sur le plan de la concurrence
La taxe sur le cloud frappe tout le monde dans l’écosystème technologique, des startups aux PME. Les entreprises établies peuvent avoir les moyens d’absorber une partie des coûts supplémentaires ou de déplacer leurs activités ailleurs, mais les petites entreprises sont coincées. Ces entreprises fonctionnent souvent avec des marges réduites, et une augmentation de 11 % de la taxe peut faire la différence entre une expansion réussie et une fermeture complète.
Les startups prospèrent dans des environnements qui soutiennent l’innovation et la croissance, et non dans ceux où les coûts s’accumulent plus vite que les revenus. Si Chicago devient une ville où il est coûteux et compliqué de faire des affaires, elle ne parviendra pas à attirer de nouvelles entreprises et perdra celles qu’elle possède déjà.
Les entreprises clientes doivent également y réfléchir à deux fois. Pourquoi une entreprise construirait-elle ou maintiendrait-elle des activités à Chicago alors que des régions exemptes d’impôts offrent la même infrastructure sans pénalité financière ?
La taxe accélérera les stratégies de multicloud, de cloud hybride et d’informatique Cloud (edge computing)
Les entreprises n’aiment pas payer des impôts inutiles, et elles sont remarquablement douées pour trouver des moyens de les éviter. Cette augmentation de la taxe poussera davantage d’entreprises à adopter des stratégies de cloud distribué, en utilisant le multicloud, l’hybride et l’informatique en périphérie pour minimiser l’exposition à la taxe de Chicago.
Les configurations multicloud permettent aux entreprises de répartir les charges de travail entre plusieurs fournisseurs et régions, évitant ainsi les coûts liés à la géographie. De même, l’informatique en périphérie, qui consiste à exécuter des processus plus près de l’endroit où les données sont générées, deviendra plus attrayante.
Les grands fournisseurs de cloud peuvent probablement gérer cet ajustement sans transpirer. Mais les petits fournisseurs et les startups ? Ils auront du mal. Le résultat ? Un marché moins concurrentiel et une innovation réduite.
La politique fiscale de Chicago risque de devenir un exemple à suivre
La décision de la ville a des implications plus larges, servant d’avertissement aux autres villes qui envisagent de taxer les services cloud. Certes, les 128 millions de dollars de recettes prévues semblent intéressants sur le papier, mais qu’en est-il du coût de la perte d’entreprises, d’emplois et d’investissements ? Il s’agit d’une perte à long terme qui pourrait dépasser de loin tout gain à court terme.
En 2022, les startups de Chicago ont levé 19 milliards de dollars, un chiffre impressionnant qui souligne le potentiel de la ville en tant que pôle technologique. Mais ce potentiel est aujourd’hui menacé. D’autres villes, de Denver à Washington, ont mis en place des taxes similaires sur les clouds, et leurs expériences montrent que ces politiques ne fonctionnent pas comme prévu. Chicago pourrait devenir le dernier exemple en date de la façon dont la taxation des moteurs des entreprises modernes crée plus de problèmes qu’elle n’en résout.
Pour les villes qui envisagent de suivre cette voie, la leçon est claire : taxer l’innovation permet peut-être de combler un trou dans le budget aujourd’hui, mais cela draine les forces vives de l’économie locale demain. Si Chicago poursuit dans cette voie, elle risque de devenir une note de bas de page dans l’histoire des expériences ratées en matière de politique urbaine.