Les entreprises européennes se heurtent à des obstacles à l’intégration de l’IA
L’IA a un pouvoir immense, un potentiel infini, mais il faut de la précision pour la lancer avec succès. Au Royaume-Uni, en France et en Belgique, les entreprises commencent à comprendre à quel point l’IA peut changer la donne dans leur secteur. En fait, 72 % des responsables informatiques pensent que l’IA va remodeler leur secteur, et 29 % se préparent à des perturbations extrêmes. Il existe des preuves tangibles que l’IA génère déjà des gains financiers, la moitié des personnes interrogées et 70 % des cadres supérieurs faisant état d’un impact positif sur leurs résultats. Il n’est donc pas surprenant que 50 % de ces entreprises se préparent à accroître leurs investissements dans l’IA.
Mais l’optimisme ne suffit pas à faire avancer les choses. De nombreuses entreprises constatent que l’adoption de l’IA s’accompagne d’une courbe d’apprentissage abrupte. Les contraintes financières freinent 14 % des entreprises, tandis que 12 % sont empêtrées dans des problèmes d’intégration, s’efforçant de faire en sorte que les nouveaux systèmes d’IA s’intègrent bien dans leur infrastructure existante. Plus révélateur encore, 11 % admettent ne pas avoir mis en place les bonnes stratégies et 9 % manquent tout simplement de personnel qualifié.
L’ambition est là : les entreprises veulent utiliser l’IA pour rationaliser les opérations, réduire les coûts et stimuler l’innovation. Le problème est que nombre d’entre elles ne sont pas prêtes à affronter les réalités de la mise en œuvre. Elles sont comme les premiers explorateurs d’un nouveau territoire sans carte précise. Les opportunités sont énormes, mais les défis exigent une planification claire et une action ciblée.
Les considérations éthiques dans le déploiement de l’IA manquent de cadres d’action
L’éthique dans l’IA : la boussole qui guide l’innovation responsable. Et si de nombreuses entreprises européennes semblent comprendre ce concept, leurs actions suggèrent le contraire. Un pourcentage surprenant de 63 % des entreprises déclarent que l’éthique est « très » ou « extrêmement » importante dans leurs stratégies d’IA, mais 44 % d’entre elles n’ont même pas de lignes directrices éthiques de base. Elles sont encore moins nombreuses (28 % seulement) à disposer d’outils pour résoudre les dilemmes éthiques.
Et ce n’est pas fini. La préparation de la main-d’œuvre, qui est au cœur d’une IA éthique et efficace, est ignorée par 40 % des entreprises. Pas de formation, pas de perfectionnement, pas de plans. Cela les rend vulnérables à des problèmes tels que les biais algorithmiques, qui pourraient conduire à une atteinte à la réputation, à un examen réglementaire, voire pire. Sans mécanismes de contrôle appropriés, les entreprises risquent de déployer une IA qui peut fonctionner efficacement mais qui manque d’équité, de transparence et de responsabilité.
Comme le souligne le professeur Dejan Glavas, la mise en place de systèmes d’IA responsables ne se résume pas à de bonnes intentions. Les entreprises ont besoin de programmes de formation structurés qui dotent leurs équipes de compétences techniques et d’une compréhension approfondie des risques éthiques.
« L’absence de ces investissements ralentit les progrès et ouvre la porte à des faux pas qui pourraient faire reculer les entreprises de plusieurs années ».
Des lignes directrices pratiques et des bonnes pratiques pourraient permettre de relever les défis de l’IA
Lorsqu’il s’agit de surmonter les obstacles liés à l’IA, les entreprises ont besoin d’une orientation claire et d’une sagesse partagée. Les entreprises n’ont pas besoin de réinventer la roue. Elles doivent plutôt créer un manuel de jeu qui concilie l’expertise technique et une gouvernance solide. Les entreprises ont besoin d’un cadre qui rassemble trois éléments essentiels : la gouvernance, le développement de la main-d’œuvre et la prévoyance éthique.
Les entreprises ont besoin de systèmes pour gérer les données de manière responsable, superviser les décisions en matière d’IA et instaurer la responsabilité à chaque étape. Cela doit aller de pair avec le développement de la main-d’œuvre – doter les équipes des outils, de la formation et du savoir-faire nécessaires pour que l’IA fonctionne de manière efficace et responsable.
Et puis il y a l’éthique. Les entreprises ne peuvent pas se permettre de l’ignorer ou de l’aborder après coup. Les stratégies de gestion des risques doivent être intégrées dans la stratégie d’IA dès le premier jour, en abordant des questions telles que la partialité, la transparence et les impacts sociétaux à long terme. Des lignes directrices pratiques et des études de cas pourraient apporter aux entreprises la clarté dont elles ont besoin pour tracer la bonne voie à suivre.
En mettant en commun leurs connaissances et en partageant leurs meilleures pratiques, les entreprises peuvent faire de l’IA un moteur de croissance durable et rentable. Il s’agit d’une situation gagnant-gagnant pour l’innovation et la responsabilité. Comme le montre clairement le baromètre de l’IA, c’est maintenant qu’il faut agir, avant que le fossé entre l’ambition et l’exécution ne devienne infranchissable.