Le jeu des satellites d’Apple

Imaginez un monde où votre téléphone ne perd jamais son signal, que vous soyez au fond d’un tunnel urbain, en train de conduire dans le désert ou sur une île isolée. C’est ce vers quoi se dirigent Apple et Globalstar. Leur réseau satellite de nouvelle génération pousse la connectivité de l’iPhone au-delà des limites traditionnelles de la téléphonie cellulaire, faisant des zones mortes une chose du passé.

Aujourd’hui, la messagerie par satellite sur les iPhones est déjà impressionnante, mais elle a ses limites. Les utilisateurs doivent se trouver à l’extérieur et pointer leur téléphone vers le ciel pour capter un signal. La nouvelle constellation de satellites C3 change toutefois la donne. Avec 48 satellites en orbite terrestre basse (LEO) et six satellites de secours, le réseau améliorera la connectivité à l’intérieur, dans les voitures et dans les zones où les tours de téléphonie cellulaire ne fonctionnent pas. Cela signifie que l’utilisateur moyen ne se rendra peut-être même pas compte qu’il bénéficie d’une connexion par satellite, elle fonctionnera tout simplement.

Apple a mis 1,1 milliard de dollars sur la table, après avoir déjà investi 1 milliard de dollars dans cette technologie. Il s’agit d’un engagement sérieux, qui indique que la connectivité par satellite n’est pas une simple fonction de niche, mais un élément essentiel du futur écosystème d’Apple. l’écosystème futur d’Apple. À l’heure où les entreprises dépendent de plus en plus d’une connectivité ininterrompue pour tout ce qui touche à l’IdO ou à la sécurité de l’entreprise, cette décision positionne Apple comme un acteur direct de l’espace mondial des communications.

Des signaux plus forts, une technologie plus intelligente

Le problème avec la plupart des communications par satellite ? Elles sont faibles, lentes et incohérentes. L’approche d’Apple, en partenariat avec la société canadienne MDA Space, résout ce problème en introduisant des satellites plus intelligents dotés d’une formation dynamique des faisceaux et d’une transmission de signaux de grande puissance (technologie EIRP).

Voici ce que cela signifie en termes simples : Une meilleure couverture. Des signaux plus forts. Moins de tracas.

Les anciens réseaux satellitaires présentaient un problème : les utilisateurs devaient avoir une vue directe et dégagée du ciel pour obtenir une connexion. Le réseau C3 élimine cette frustration. En concentrant dynamiquement la force du signal vers des zones spécifiques, Apple et Globalstar s’assurent que les utilisateurs se trouvant à l’intérieur de bâtiments, de véhicules ou même de structures souterraines ont accès à une connectivité satellite fiable.

La véritable innovation réside dans l’automatisation. Au lieu de chercher une connexion, votre iPhone passe automatiquement du cellulaire au satellite en fonction des besoins. Cette transition est la clé. Lorsque les utilisateurs n’ont pas à penser à la connectivité, celle-ci devient invisible. Et lorsque la technologie disparaît en arrière-plan, vous savez qu’elle fonctionne parfaitement.

Apple a récemment déposé un brevet pour une connectivité par satellite plus stable, ce qui laisse penser qu’elle ne fait que commencer. Il s’agit d’un pari à long terme sur le fait que la connectivité devrait être omniprésente, sans effort et fondamentalement intégrée aux appareils que les gens utilisent déjà.

Le réseau satellitaire d’Apple dans son ensemble

Jusqu’à présent, la connectivité par satellite sur les iPhones s’est concentrée sur la messagerie d’urgence, une fonction essentielle mais limitée. Le nouveau réseau suggère quelque chose de plus grand : Apple pourrait se préparer à offrir des services satellitaires complets, allant au-delà de la communication textuelle.

Pensez aux possibilités. Accès mondial aux données sans tours de téléphonie mobile. Connectivité IoT pour les entreprises opérant dans des lieux éloignés. L’Apple Watch dotée de capacités satellitaires pour les appels d’urgence. Ce sont les prochaines étapes logiques.

Apple ne dit pas grand-chose sur ce qui l’attend, mais le dossier déposé par Globalstar auprès de la FCC indique clairement que son nouveau système permet d’offrir des fonctions satellitaires directes à l’appareil, au-delà de la messagerie. Cela pourrait signifier :

  • Connectivité internet de base pour les utilisateurs dans les régions où les infrastructures sont insuffisantes.

  • Applications IoT d’entreprise et industrielles, permettant aux entreprises de suivre leurs actifs et d’opérer sur des sites distants.

  • Intégration transparente de l’écosystème Apple, où les fonctionnalités basées sur les satellites s’étendent aux iPhones, aux montres et peut-être même aux Macs ou aux AirPods.

Ce qu’il faut en retenir ? Apple se positionne comme un fournisseur de connectivité, indépendant des opérateurs traditionnels. S’il se développe dans le domaine de l’internet par satellite, il pourrait contourner complètement les géants des télécommunications dans certaines régions. C’est un changement considérable dans la manière dont les gens accèdent à l’internet.

Le dossier de Globalstar indique même que « la connectivité Globalstar sera à la portée de centaines de millions de personnes », ce qui laisse présager un déploiement international. Il faut s’attendre à ce que les services par satellite passent du statut de solution de secours à celui d’offre grand public permettant à Apple d’étendre son emprise sur les communications mondiales.

Qu’est-ce qui se cache dans les coulisses ?

Un détail rend la situation encore plus intéressante : Apple semble travailler sur quelque chose de plus important qu’un simple partenariat avec Globalstar.

Un récent dossier de la FCC fait référence à une demande de l’Union internationale des télécommunications (UIT) pour un réseau de plus de 8 000 satellites. Déposé à l’origine par Airbus, ce projet a depuis été transféré à CCC Communication Holdings France, une société liée à Ronald Denwood, un directeur d’entreprise d’Apple.

M. Denwood n’est pas un dirigeant d’Apple comme les autres. Il a participé à de nombreuses acquisitions stratégiques, notamment Voysis, Ikinema, Stamplay et OperateData, autant d’entreprises qu’Apple a acquises et intégrées par la suite dans son écosystème. L’apparition de son nom dans une entité liée aux satellites soulève une question majeure : Apple est-il en train de construire son propre réseau de satellites ?

Pour l’instant, Apple s’appuie sur l’infrastructure de Globalstar. Mais s’ils lancent leur propre flotte de satellites, cela pourrait signifier.. :

  • Apple a contrôlé l’accès mondial à l’internet, en contournant les fournisseurs de télécommunications.

  • Intégration poussée de la connectivité par satellite dans les appareils Apple, ce qui leur confère un avantage stratégique sur leurs concurrents.

  • De nouveaux modèles commerciaux basés sur des services satellitaires par abonnement, semblables à iCloud ou Apple One.

Ces satellites ne devraient durer que 12,5 ans. Cela signifie qu’Apple dispose d’une courte fenêtre pour monétiser et développer ses activités avant d’avoir besoin de les remplacer. Quel que soit leur plan, nous le verrons se concrétiser bien plus tôt que prévu.

« Apple pourrait être en train de jeter discrètement les bases d’un réseau satellite Apple totalement indépendant, qui pourrait perturber les communications mondiales telles que nous les connaissons.

Dernières réflexions

Ce qu’Apple fait ici est plus important que la simple amélioration de la messagerie par satellite. Elle s’oriente vers un monde où la connectivité se fera sans effort, à l’échelle mondiale et indépendamment des fournisseurs de télécommunications traditionnels.

À court terme, il s’agit de rendre la connectivité par satellite invisible et automatique pour les utilisateurs d’iPhone. Mais l’objectif à long terme ? Posséder l’infrastructure.

Si Apple se lance à fond dans les satellites, elle pourrait s’affranchir de la dépendance vis-à-vis des télécommunications, offrir de nouveaux services et redéfinir les communications mondiales. C’est le genre de stratégie qui permet de remodeler des secteurs entiers.

Surveillez cet espace. Les ambitions d’Apple en matière de satellites ne font que commencer.

Alexander Procter

mars 3, 2025

7 Min