La suringénierie est un problème qui ne se voit pas
Le développement de logiciels est un art et une science. Il doit être conçu pour résoudre des problèmes réels, et non pour construire des systèmes élaborés simplement parce que nous le pouvons. Il y a suringénierie lorsque la complexité est ajoutée sans nécessité : fonctionnalités supplémentaires, couches redondantes ou abstraction excessive qui rendent un système plus difficile à utiliser, à maintenir et à faire évoluer.
Cela commence généralement par de bonnes intentions. Les ingénieurs veulent assurer la pérennité des systèmes, anticiper tous les besoins possibles ou construire quelque chose d’impressionnant. Mais le résultat est souvent l’inverse : des logiciels gonflés, coûteux, lents et frustrants pour les développeurs comme pour les utilisateurs.
La simplicité consiste à faire ce qui est important. Un système bien conçu résout efficacement le problème posé, tout en laissant une marge de manœuvre pour évoluer en fonction des besoins réels. La suringénierie tue cette flexibilité, enfermant les équipes dans des solutions trop compliquées qui font perdre du temps et de l’argent.
Pourquoi la suringénierie se produit-elle ?
La suringénierie est avant tout un problème d’état d’esprit. Elle est motivée par trois pièges communs : le besoin d’impressionner, des exigences floues et une obsession pour les nouvelles technologies.
Tout d’abord, le besoin d’impressionner. Les ingénieurs sont des résolveurs de problèmes, mais ils tombent parfois dans le piège d’essayer de prouver leurs compétences techniques plutôt que de se concentrer sur la meilleure solution. Un système complexe avec des modèles de conception sophistiqués peut sembler impressionnant, mais s’il est plus difficile à maintenir et plus lent à s’adapter, c’est un échec.
Il y a ensuite le problème des exigences floues ou changeantes. des exigences changeantes. Lorsque les parties prenantes ne donnent pas d’orientation claire, les développeurs tentent de couvrir tous les besoins futurs possibles. Cela conduit à des fonctionnalités inutiles, à une configurabilité excessive et à des couches d’abstraction supplémentaires qui ralentissent tout.
Enfin, le « syndrome de l’objet brillant ». Le monde de la technologie évolue rapidement et il y a toujours un nouvel outil, un nouveau cadre ou une nouvelle architecture qui prétend mieux résoudre les problèmes. Mais l’introduction d’une nouvelle technologie simplement parce qu’elle est nouvelle conduit souvent à des systèmes plus complexes, plus difficiles à déboguer et plus difficiles à intégrer. La meilleure technologie est celle qui sert l’entreprise, pas celle qui est sortie la semaine dernière.
« Éviter l’ingénierie à outrance commence par la discipline : résolvez le problème qui se présente à vous, construisez pour ce qui est nécessaire aujourd’hui et gardez les choses simples.
Les 6 signes évidents de suringénierie
Comment savoir si vous faites de l’ingénierie à outrance ? C’est généralement évident, si vous savez ce qu’il faut chercher.
- Complexité inutile de l’architecture : Si votre système comporte plusieurs couches d’abstraction, trop de microservices ou des dépendances compliquées qui n’apportent pas de réelle valeur ajoutée, vous êtes probablement en train de faire de l’ingénierie à outrance. Les meilleurs systèmes sont les plus simples qui permettent de faire le travail.
- Optimisation prématurée : Optimiser avant même de savoir où se trouvent les goulets d’étranglement est un piège classique. L’optimisation des performances doit permettre de résoudre un problème réel, et non un problème hypothétique. Si personne ne se plaint de la vitesse, ne passez pas des semaines à optimiser un code qui n’en a pas besoin.
- Fuite des fonctionnalités : si de nouvelles fonctionnalités sont ajoutées « juste au cas où » ou parce qu’elles « pourraient être utiles », vous vous dirigez vers une surcharge de complexité. Chaque fonctionnalité a un coût : plus de tests, plus de maintenance, plus de risques de pannes.
- Cycles de développement lents : Si une simple mise à jour prend des semaines au lieu de jours, il y a de fortes chances que le système soit trop complexe. Plus il est difficile de le modifier, plus l’ingénierie est excessive.
- Un code difficile à maintenir : Si, lors de l’intégration d’un nouveau développeur, vous avez l’impression de lui remettre un manuel d’instructions de 1 000 pages, c’est qu’il y a un problème. Un bon code doit être lisible, logique et facile à mettre à jour. Un code trop abstrait, profondément imbriqué ou excessivement documenté est un signe de complexité inutile.
- Nouvelles technologies inutiles : Choisir un nouveau cadre, une nouvelle base de données ou un nouveau langage simplement parce que c’est à la mode est une erreur. Si cela n’améliore pas clairement le système, cela ne fait qu’ajouter d’autres problèmes par la suite.
Les bons logiciels sont simples, évolutifs et faciles à améliorer. Si votre système ressemble à un labyrinthe, il est temps de repenser votre approche.
Le coût de la suringénierie
La suringénierie coûte cher. Elle ralentit le développement, augmente coûts de maintenanceet limite la capacité d’adaptation aux nouveaux défis. Plus longtemps elle n’est pas contrôlée, plus elle s’aggrave.
- Des cycles de développement plus longs sont synonymes de coûts plus élevés : Chaque fonctionnalité, abstraction ou optimisation superflue ajoute du travail. Plus de code signifie plus de tests, plus de débogage et plus de formation pour les nouveaux développeurs. Ce qui aurait dû être un projet rapide se transforme en une épreuve longue et coûteuse.
- Augmentation de la dette technique : Chaque couche de complexité supplémentaire est un handicap. Ce qui semble être un système sophistiqué aujourd’hui devient un cauchemar à mettre à jour demain. Au fur et à mesure que la complexité inutile s’accumule, même les petits changements demandent un effort excessif.
- Une agilité réduite : Les besoins des entreprises évoluent rapidement. Un système conçu pour tous les scénarios possibles n’est généralement pas en mesure de s’adapter aux changements du monde réel. Une ingénierie trop poussée crée de la rigidité, ce qui rend plus difficile l’adaptation, la mise à l’échelle ou l’intégration avec d’autres technologies le moment venu.
- L’épuisement des développeurs : Personne n’aime travailler sur un système enchevêtré. Les ingénieurs perdent leur motivation lorsqu’ils doivent lutter chaque jour contre une complexité inutile. La frustration entraîne une baisse de la productivité, une augmentation du taux de rotation et, en fin de compte, un affaiblissement des équipes.
- Des clients et des parties prenantes frustrés : Les clients ne se soucient pas de la sophistication de votre système. Ce qui compte pour eux, c’est qu’il fonctionne. Si un projet prend trop de temps, coûte trop cher ou fournit une solution trop compliquée, le résultat final est la déception.
« Les meilleurs systèmes ne sont pas les plus complexes. Ce sont ceux qui font exactement ce qu’il faut, ni plus ni moins ».
Comment éviter la suringénierie ?
Pour éviter une ingénierie excessive, il faut faire preuve de discipline et savoir dire « assez ». Voici comment rester simple et efficace.
- Clarifiez les besoins dès le début : Discutez avec les parties prenantes. Définissez clairement le problème. Assurez-vous que tout le monde comprend ce qui est réellement nécessaire avant d’écrire une seule ligne de code. Plus l’objectif est clair, moins il y a de place pour une complexité inutile.
- Construisez par itérations : Au lieu d’essayer de concevoir le système parfait dès le départ, commencez modestement. Envoyez une version de base, recueillez les commentaires et améliorez-la à partir de là. Les meilleures conceptions naissent de l’itération et non d’une planification excessive.
- Privilégiez la simplicité : Utilisez la solution la plus simple qui fonctionne. Évitez les abstractions inutiles, les cadres complexes et l’utilisation excessive de modèles de conception. Si une solution directe permet de faire le travail, utilisez-la.
- Choisissez des outils stables et éprouvés : Évitez de vous lancer dans une nouvelle technologie simplement parce qu’elle est à la mode. Tenez-vous en à des outils fiables, bien supportés et adaptés au problème posé.
- Suivez les bons principes :
- KISS (Keep It Simple, Stupid) : La solution la plus simple est généralement la meilleure.
- YAGNI (You Ain’t Gonna Need It) : Ne construisez pas pour un avenir qui n’arrivera peut-être jamais.
- DRY (Don’t Repeat Yourself) : Réutilisez le code là où il est utile, mais ne l’abstrayez pas trop.
La construction d’un logiciel de qualité a pour but de résoudre des problèmes réels de la manière la plus efficace possible. Restez simple. Concentrez-vous sur ce qui compte. Et ne créez jamais de complexité pour le plaisir.
Principaux enseignements pour les dirigeants
- Reconnaître les coûts de la complexité : La suringénierie augmente le temps et les coûts de développement tout en réduisant l’agilité. Les dirigeants devraient évaluer si les couches et les fonctionnalités supplémentaires ajoutent réellement de la valeur avant d’investir des ressources supplémentaires.
- Identifiez les signes avant-coureurs : L’identification de problèmes tels que la multiplication des fonctionnalités et l’optimisation prématurée permet d’éviter la dette technique à long terme. Les décideurs doivent établir des lignes directrices claires pour détecter et traiter rapidement ces signaux d’alerte.
- Rationaliser les processus de développement : La simplification de l’architecture logicielle permet d’accélérer les itérations et de faciliter la maintenance. En donnant la priorité à des exigences claires et à des outils éprouvés, on peut aider les équipes à se concentrer sur ce qui compte vraiment.
- Investissez dans des pratiques durables : Une ingénierie excessive peut frustrer les équipes et saper le moral. Les dirigeants devraient encourager une culture de la simplicité et de l’amélioration itérative pour garantir des systèmes robustes mais adaptables.