Windows Recall propose un concept innovant mais ne répond pas aux attentes
Windows Recall a été lancé avec une vision audacieuse : créer une base de données consultable de tout ce que vous voyez sur votre écran, en combinant les captures d’écran automatisées et l’intelligence artificielle. Imaginez que vous puissiez retrouver un document, une page web ou un graphique datant de plusieurs semaines, simplement en le décrivant. Pour les professionnels qui gèrent des données complexes, cette idée ressemble à un cheat code pour la productivité.
Mais en l’état, le produit ressemble plus à une ébauche qu’à un chef-d’œuvre. Si l’idée de capturer l’activité de l’écran toutes les quelques secondes est séduisante, l’exécution est décevante. La fonctionnalité manque de raffinement, ce qui en fait moins une avancée qu’une curiosité à ce stade.
Les préoccupations en matière de protection de la vie privée suscitées par le système Recall ont donné lieu à d’importantes considérations en matière de conception.
La protection de la vie privée est un sujet délicat, surtout lorsqu’il s’agit de données sensibles. Microsoft a eu raison de se montrer prudent avec Recall, compte tenu des réactions potentielles à un système qui surveille de si près l’activité de l’écran. La société a pris des mesures pour répondre à ces inquiétudes, mais il reste à voir si ces mesures convaincront les utilisateurs sceptiques.
Tout d’abord, Recall nécessite une activation explicite de la part de l’utilisateur, il ne se met pas en marche automatiquement. Il s’agit d’une décision intelligente, qui place le contrôle entre les mains des utilisateurs dès le départ. Ensuite, il y a l’authentification Windows Hello. En demandant la reconnaissance faciale, les empreintes digitales ou un code PIN avant d’autoriser l’accès aux clichés, Recall ajoute une couche de sécurité rassurante. De plus, les instantanés ne capturent pas les sessions de navigation privées, ce qui protège les utilisateurs d’un éventuel embarras ou d’une faille.
Il s’agit de mesures réfléchies, mais même avec ces garanties, la confiance se mérite, elle ne se donne pas. Microsoft n’aura pas la tâche facile pour convaincre les utilisateurs d’adopter un outil aussi intrusif, quelles que soient ses bonnes intentions.
Les capacités actuelles d’IA et de recherche dans Recall ne répondent pas aux attentes
L’IA est censée être le joyau de Recall, la magie qui transforme les captures d’écran en un puissant outil de productivité. Malheureusement, la réalité n’est pas à la hauteur du marketing. À ce stade, la soi-disant « recherche alimentée par l’IA » est tout au plus basique.
Voici un exemple flagrant : Une recherche portant sur « camembert » n’aboutira à des résultats que si ces mots exacts apparaissent sur votre écran. L’IA ne comprend pas le contexte visuel permettant de localiser un véritable graphique. Les correspondances visuelles sont sporadiques et manquent souvent leur cible, ce qui fait que le système ressemble plus à une recherche de texte glorifiée qu’à un assistant de nouvelle génération.
Pour les professionnels qui doivent passer au crible une montagne de données visuelles et textuelles, ce manque de sophistication est frustrant. Si Recall ne peut pas localiser de manière fiable une simple image ou comprendre des requêtes nuancées, son utilité est limitée.
L’intégration limitée avec les applications Windows réduit l’utilité de Recall
L’un des principaux défauts de Recall est la faiblesse de son intégration avec d’autres applications. On s’attendrait à ce qu’un outil conçu par Microsoft s’intègre à son propre écosystème, mais ce n’est pas le cas ici.
Prenez Microsoft Word, par exemple. Recall peut effectuer une capture d’écran d’un document, mais il n’identifie pas le fichier réel. Si vous souhaitez rouvrir ce document, vous devez analyser manuellement les noms de fichiers. En ce qui concerne les navigateurs, Recall a un léger avantage : il peut extraire les URL, à condition qu’elles soient entièrement visibles dans la capture d’écran. Mais si la fenêtre de votre navigateur coupe une partie de l’adresse, l’outil est bloqué.
Pour les cadres et les professionnels qui jonglent avec plusieurs applications, ce manque de fonctionnalités approfondies est une occasion manquée. Recall aurait pu servir de passerelle entre les applications, mais pour l’instant, ce n’est guère plus qu’une archive statique.
Le stockage spécifique à chaque appareil limite l’efficacité de Recall pour les utilisateurs de plusieurs appareils.
Dans les environnements de travail hybrides, les professionnels utilisent plusieurs appareils, des ordinateurs de bureau, des ordinateurs portables et même des tablettes. La politique de stockage local de Recall est une arme à double tranchant. Elle donne la priorité à la confidentialité, mais au détriment de la commodité.
Si vous travaillez sur plusieurs appareils, le rappel vous oblige à vous souvenir de l’ordinateur que vous avez utilisé pour une tâche spécifique. C’est un problème, tout simplement. Pour les travailleurs intellectuels qui dépendent d’un accès fluide à leurs outils et à leurs données, cette approche fragmentée est plus un obstacle qu’une fonctionnalité.
Microsoft a des raisons valables de conserver les instantanés au niveau local. La confidentialité des données est une préoccupation légitime, et la synchronisation entre appareils présente des risques. Mais si Recall veut devenir un outil de productivité, il a besoin d’une solution qui concilie sécurité et praticité.
La fonction « cliquer pour faire » de Recall offre des avantages modestes
La fonction « Cliquer pour faire » est un ajout intriguant à la boîte à outils de Recall, offrant une certaine interactivité avec les instantanés. Vous pouvez copier du texte, effectuer des recherches sur le Web ou même rédiger des courriels directement à partir d’un cliché. C’est un bon début, mais il est entravé par les mêmes limitations que le reste du système.
La fonction repose entièrement sur ce qui est visible dans la capture d’écran. Si des détails importants, comme une longue URL, sont coupés, « Cliquer pour faire » devient inutilisable. Cette dépendance à l’égard de visuels statiques mine son potentiel, réduisant ce qui pourrait être une fonctionnalité remarquable à une simple commodité.
Pour être vraiment utile, cet outil doit devenir plus intelligent, plus adaptatif et moins dépendant de conditions parfaites.
Des améliorations futures sont nécessaires pour que le rappel atteigne son potentiel.
Soyons clairs : le rappel n’est pas une cause perdue. Loin de là. Mais pour qu’il atteigne son plein potentiel, Microsoft doit résoudre plusieurs problèmes flagrants.
Tout d’abord, l’intelligence artificielle a besoin d’une sérieuse mise à jour. La capacité d’analyser avec précision les données visuelles est indispensable. Deuxièmement, l’intégration avec Windows et les applications tierces doit être plus poussée. Recall devrait vous permettre d’accéder au document, à l’e-mail ou au fichier exact que vous recherchez, et pas seulement à une capture d’écran. Enfin, la limitation à un seul appareil est un obstacle majeur pour les professionnels qui attendent des fonctionnalités fluides dans tout leur écosystème technologique.
Le concept derrière Recall est solide. Il pourrait s’agir d’un puissant outil de productivité s’il était correctement exécuté. Mais pour l’instant, on a l’impression qu’il s’agit d’un test bêta déguisé en produit. Espérons que Microsoft prenne les commentaires à cœur et fasse de Recall l’outil qu’il est censé être. Le marché est prêt. La question est la suivante : Microsoft tiendra-t-il ses promesses ?